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Lissage et analyses

Alors que le gouvernement renforce le couvre-feu déjà en place dans de nombreux départements il est intéressant et utile d'analyser la nouvelle mise à jour de du fichier des décès produit par l'Insee*.

Autant le dire tout de suite la courbe montre une hausse qui n'était pas présente lors de ma dernière analyse. Cette hausse doit-elle pour autant prendre le nom de "seconde vague" ? Peut-être que oui, peut-être que non est sans doute la meilleure réponse. Commençons par regarder la courbe de la surmortalité pour nous faire une première idée.

Nous voyons en effet une remontée assez nette de la courbe à partir du 30 Août et depuis le 1er Août c'est pratiquement 4 000 décès supplémentaires que nous devons déplorer. Certes il y a eu un épisode caniculaire durant cet été mais il n'en demeure pas moins que la courbe ne cesse de monter jour après jour. Les partisans de la seconde vague peuvent donc s'appuyer sur cela avec un fort degré de certitude.

A l'inverse, l'étude du nombre de décès par jour ne confirme pas directement que nous vivons une seconde vague.

S'il y a bien une hausse entre le 8 et le 20 Septembre, le nombre de décès quotidien de 2020 revient ensuite au niveau de ce que nous avons connu en 2018 et 2019. Il faut toutefois rester prudent car comme l'indique la note méthodologique certaines données peuvent manquer mais tout porte à croire que le retour à la normale sera confirmé. Nous touchons là un point très important : au-delà des chiffres sur le nombre de tests positifs, les taux de prévalence ou autres indicateurs du même acabit, le nombre de décès jour après jour mesure de manière implacable la virulence de l'épidémie. Il suffit pour cela de regarder la courbe en Mars et en Avril de cette année pour s'en convaincre. Je suis donc prêt à parier que le retour de l'état d'urgence sanitaire et la décision d'instaurer un couvre-feu là où c'est nécessaire a été décidé fin Septembre et annoncé début Octobre. Imaginons-nous montrer au ministre de la santé cette courbe le 20 Septembre, que voit-il ? Que le nombre de décès en 2020 est systématiquement supérieur depuis 13 jours aux décès de 2018 et 2019. Comme rien ne permet de dire que la courbe va s'inverser il est logique de couper court et de prendre des mesures radicales.

Convenez néanmoins qu'il y a sur ce graphique un coté spaghetti qui n'est pas idéal pour les analyses plus fines. Pour contrer cela je vais lisser les données et observer la moyenne glissante sur une période de 15 jours.

Surprise, la seconde vague prend clairement des allures de vaguelette. Ceci devra être confirmé avec la prochaine mise à jour du fichier par l'Insee mais de toute évidence nous voyons maintenant une baisse là où la courbe de la surmortalité montrait une hausse. Le lissage de la courbe montre aussi que depuis mi-Mai nous sommes en 2020 au même niveau qu'en 2018 et 2019, à l'épisode caniculaire près.

Mais la nouveauté de cet automne - si vous m'autorisez ce vocabulaire - réside dans la territorialisation des mesures de protection face à l'épidémie de la Covid-19. Si le confinement a été national nous vivons désormais une période où les mesures ne sont plus identiques d'un département à l'autre, d'une ville à l'autre. Deux lieux ont été sous le feu des projecteurs ces derniers temps, Paris et les Bouches-du-Rhône**. Comme l'Insee recense dans son fichier le département où a eu lieu le décès il m'est assez facile d'en tracer la courbe. Débutons par les Bouches-du-Rhône :

C'est flagrant ici, il y a bien une deuxième vague, aucun doute n'est possible. D'ailleurs la force de celle-ci ne peut faire qu'écho à celle nationale que nous avons vu plus haut et qui ne la montre pas : Il est donc plus que nécessaire de circonscrire les mesures de restrictions aux lieux où la pandémie frappe le plus. C'est le seul moyen pour que ces mesures soient acceptées de la population et au bout du compte suivies.

Pour en revenir aux Bouches-du-Rhône nous lisons que la pandémie a frappé plus longtemps qu'au niveau national puisqu'il aura fallu attendre le 29 Mai pour voir les courbes se croiser et les décès de 2020 revenir au niveau des décès de 2018-2019. Sur l'ensemble du territoire ce croisement a eu lieu le 6 Mai, près de 3 semaines plus tôt. Si comme partout ailleurs l'été a été calme on voit que depuis le 9 Septembre ce n'est plus le cas. Il faudrait maintenant zoomer par catégorie de population pour voir quelle est celle qui est la plus touchée.

Montons à la capitale, regardons Paris à présent.

Surprise, la courbe n'est pas la même ! Pour commencer la vague de Mars aura duré du 18 Mars au 12 Mai. Nous voyons surtout que s'il y a une remontée des décès depuis le 22 Septembre celle-ci est loin d'être flagrante. Vu sous l'angle des décès Paris ne peut pas subir le même train de mesures restrictives que dans le département des Bouches-du-Rhône.

Tracer la même courbe pour tous les départements serait long et fastidieux. Mais je tenais tout de même à faire l'exercice pour quelques-uns d'entre eux pris au hasard ou presque. J'ai cherché dans le fichier de 2018 quels départements présentaient un nombre équivalent de décès dans l'année. Je me suis décidé pour étudier plus en détail le Finistère (10 884 décès en 2018), la Haute-Garonne (10 805 décès) et le Var (11 323 décès).

Première constatation, la première vague n'a pas existé dans le Finistère et rétrospectivement ce département n'avait pas à être confiné... Du 4 Mars au 7 Mai le nombre moyen de décès par jour n'a cessé de baisser et pour trouver une "vague" il faut regarder entre le 18 Juillet (25 décès) et le 13 Août (33). Relativisons toutefois car dans ce département il n'y a que 12 décès quotidiens d'écart entre le point haut (36 décès le 8 Février) et le point bas (24 décès le 21 Juin). En tout cas ce département ne peut pas se dire touché par l'épidémie, au moins au niveau de sa mortalité.

Le cas de la Haute-Garonne et du Var sont différents. En Haute-Garonne tout s'est passé comme si l'épidémie était arrivée en avance : Du 1er au 11 Mars nous voyons une hausse rapide de 28 à 35 décès par jour puis une décrue et enfin une reprise assez inexplicable, puisqu'en plein confinement (3 Avril - 19 Avril). Toutefois la seconde vague semble être là puisque nous sommes sur la ligne des 32 décès par jour depuis le 22 Septembre. Dans le Var la situation a été différente avec une première vague nettement marquée et une décrue qui "colle" avec la courbe nationale. Par contre il est bien plus délicat de parler de seconde vague : certes la courbe montre une hausse mais les valeurs absolues sont faibles. Faut-il parler de vague pour 5 décès en plus chaque jour dans ce département ? Je laisse à chacun le soin de juger. Pour donner corps à la reflexion je dirais que les valeurs que nous voyons sur fin Septembre ou début Octobre correspondent à ce que nous rencontrons durant l'épidémie hivernale de la grippe.

* Mise à jour du 16 Octobre avec les données disponibles jusqu'au 5 Octobre. Dans sa note méthodologique l'Insee précise que les données des derniers jours ne sont pas définitifs car toutes les communes de France n'utilisent pas encore un moyen dématérialisé pour envoyer leurs informations. Bien que cela ne change rien au nombre total ni aux analyses qui en découlent j'ai complété les quelques manques du fichiers en ce qui concernent les jours et les mois des dates de naissances ; fort heureusement l'année de naissance elle ne manque jamais. J'ai donc complété avec la fonction ALEA() d'Excel, seul moyen d'après moi de ne pas dénaturer les courbes.

** Je ne compare pas les villes de Paris et de Marseille, non . Je compare le département de Paris et le département des Bouches-du-Rhône.



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