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  • Alter Ego

Exercice de pensée autour du port du masque.

Ce cas est fictif , je l'ai inventé pour illustrer du mieux possible mon propos. Soit le siège social d'une grande entreprise à la Défense, près de Paris. Disons environ 2 500 salariés* qui travaillent dans une tour. Cet été il y a eu jusqu'à 8 cas positifs (tous asymptomatiques certes mais positifs quand même) et le dernier cas remonte à presque un mois, au 31 Juillet. Depuis, aucun cas positif dans cette tour. Ajoutons pour être complet que le port du masque y est pourtant obligatoire depuis mi-Mai.

Question : Pourquoi ces salariés doivent-ils continuer de porter un masque ?

La réponse est a priori fort simple : Le port du masque est obligatoire dans cette entreprise parce que - comme il y a eu des cas - le mieux est de continuer de le porter pour éviter toute reprise de l'épidémie.

Facile, n'est-ce pas ? Voire ... Car cela se termine quand ? Partons de l'entreprise en question : Avec 0 cas nous sommes d'accord pour dire que le port du masque s'impose pour ne pas avoir de nouveaux cas de salariés positifs. Pourtant pris tels quels les chiffres de notre entreprise sont bons. Sauf qu'ils sont maintenant inutiles puisqu'au 1er septembre le port du masque sera obligatoire dans toutes les entreprises.

L'argument est imparable : ces salariés ont une vie en dehors de leur entreprise : ils prennent les transports en commun, ils font des courses, bref autant d'occasions où - sans l'obligation du port du masque - ils leur seraient possible d'attraper le virus**. Nous en arrivons alors et inévitablement à ceci : le port du masque est obligatoire dans l'entreprise parce que le port du masque est obligatoire à l'extérieur de l'entreprise ! Nous voyons surtout que les considérations épidémiologiques disparaissent, seul le discours reste : "Le virus continue sa progression, il faut rester vigilant, le taux de positivité explose". Bref, nous avons eu l'obligation de porter un masque pour une raison (le taux) mais si nous le gardons c'est pour une autre raison : ne pas laisser l'épidémie repartir. Je veux bien entendre que "le taux de positivité explose" et que par conséquent il faut porter un masque. Mais quel est ce taux, quelle est l'ampleur de cette explosivité ? Surtout, à partir de quel taux le port du masque ne sera t-il plus obligatoire ? Faudra t-il attendre le taux zéro, une régression du taux ? Mais une régression dans quelle proportion ? Voyez les décisions municipales d'obligation du port du masque : la décision est prise sur la foi d'une mauvaise situation sanitaire - que je ne conteste pas en soi - mais son abandon n'aura lieu que lorsque .. lorsque quoi ? Nous n'en savons rien du tout.

Au risque de me répéter, si l'on sait dire à partir de quel seuil "cela va mal" on doit dans le même temps savoir dire sous quel seuil cela "ira bien" de nouveau, entendez ici la fin de l'obligation du port du masque.

Pour terminer ce billet avec mon exercice de pensée, que pensez-vous que la direction de l'entreprise va faire ? Tant que le message gouvernemental sera de porter le masque en entreprise elle va s'y conformer, c'est la logique même. Mais alors la même logique voudrait que l'on se tourne (lire : l'opinion publique, les journalistes) vers le ministère du travail pour savoir quels critères sont en jeu pour décider de la fin de cette obligation. Je prend le pari que ledit ministère serait bien en peine de répondre sans se tourner d'abord vers son premier ministre, voire vers le ministère de la santé ou Santé Publique France, la gardienne des chiffres. Bref, je vois bien que la décision devient de plus en plus politique et de moins en moins sanitaire alors que je voudrais que ce soit l'inverse.

* Comme partout sur ce blog, le féminin est implicite.

** Je ne dis pas 'malade' puisqu'on ne sait toujours pas dire pourquoi X est asymptomatique quand Y est lui vraiment malade. Fin de l'aparté.

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