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Alter Ego

Différences territoriales

L’Insee a finalement mis à jour sa base de données des décès, toutes causes confondues[1] et je dois admettre que je suis un peu moins optimiste que lors de mon précédent billet. Je vous propose que nous regardions cela ensemble de plus près.

S’il était besoin de le confirmer, l’effet « variant delta » est bien là car nous ne lisons pas de baisse de la surmortalité. Au contraire, nous passons de 22 886 le 4 Juillet à 25 183 le 21 Août. Ajoutons que la courbe reste montante quand bien même il est certain que les données des derniers jours sont sous-évaluées, puisque toutes les mairies n’ont pas encore transmis l’intégralité des actes de décès. Autre point d’importance à relever, l’absence d’effet direct de la campagne de vaccination. Peut-être est elle efficace en ce qu’elle empêche la courbe de monter plus haut mais il n’en demeure pas moins qu’avec +25 000 décès par rapport à 2018-2019 nous sommes au-dessus de la surmortalité de 2020. Le petit espoir réside dans les chiffres du quotidien, actuellement conformes à ce que l'on peut en attendre. Afin d’avoir les mêmes références que certains graphiques de Covidtracker j’ai modifié le lissage de mes courbes en les passant de 15 à 7 jours.

Là où nous devrions avoir un peu moins de 1 500 décès par jour nous persistons à avoir aux alentours de 1 600 décès par jour. C’est cet « un peu plus » qui m’empêche de conserver l’optimisme que j’affichais en Juillet. Avec près de 70% de la population totalement vaccinée nous devrions plutôt nous attendre à du « un peu moins ». Mais pour ne pas tout peindre en noir, regardons le tableau suivant car je le trouve instructif.

Vous y lisez les décès de chaque mois entre 2018 et 2021. J’ai agrégé les mois de Juin et Juillet car si les décès de ces deux mois sont supérieurs à ceux de 2020 (+0,4%) ils restent au niveau de ce que nous avons connu en 2018 (+0,5%) ou 2019 (-0,8%). Mon analyse est donc de dire que ces deux mois ont été moins meurtrier avec la pandémie qu’ils ne l’ont été au cours des deux années précédentes avec les canicules. Il est plus difficile par contre d’avancer des certitudes dès lors que l’on regarde les décès selon l’âge. Ici la courbe des moins de 65 ans n’a rien à voir avec celle des plus de 65 ans.

Nous le lisons tout de suite, la surmortalité des moins de 65 ans en 2021 est systématiquement inférieur à la surmortalité de 2020. Certes, le niveau est a été identique durant quelques jours fin Juillet mais il semble bien que le pic lié aux décès du variant Delta soit passé. Chez les plus de 65 ans - par contre - nous n’avons pas la même chose.

A l’inverse de ce que nous avons vu pour les moins de 65 ans, la courbe de surmortalité de 2021 est ici systématiquement au-dessus de la surmortalité de 2020, et ce en dépit d’une campagne de vaccination précoce et prioritaire. Nous ne pouvons que patienter et attendre que survienne le plateau, autrement dit la preuve par les chiffres que la pandémie ne tue plus dans cette catégorie de population, ou du moins sans que cela se traduise par une hausse de la surmortalité. Il y a un frémissement mais c’est un frémissement qui oblige à la patience, pas à l’optimisme. Tout à l'étude générale je n’avais pas jusqu’alors réalisé à quel point il peut exister des écarts entre départements. Certes nous savons que la situation dans les Outre-mer est délicate mais je ne m’attendais pas à lire autant de différence selon que l’on est à Paris (Dpt 75) ou dans les Bouches-du-Rhône (Dpt 13). Pour commencer et avoir un point de référence regardons la courbe des décès quotidiens en 2019 pour ces deux départements.

Avec 17 266 décès à Paris et 19 359 dans les Bouches-du-Rhône nous avons un écart de 10,8%. Ecart qui - en 2018 - a été de 9,1%. La logique voudrait que - durant la pandémie - nous retrouvions cet écart puisque ne pas compter l’effet mortifère de la Covid-19 revient à décréter que « toutes choses sont égales par ailleurs ». Or, et c’est là la surprise, l’épidémie n’a pas du tout eu le même effet sur ces populations. Voyons cela de plus près.

Si nous reprenons la chronologie des événements, que voyons-nous ? Que dans un premier temps - de Janvier à mi-Mars 2020, les courbes parisiennes et marseillaises[2] sont négatives. Autrement dit nous avons eu durant cette période moins de décès que pour la même période de 2018-2019[3]. Puis survient la pandémie et le tout premier confinement. Si à Paris nous voyons que les décès s’envolent (nous passons de +1 le 20 mars à +1 961 le 30 Avril), ce n’est pas du tout le cas dans le sud : seulement +482 le 30 Avril soit 4 fois moins de décès ! Est-ce à cause de la vitesse de propagation du virus, à cause d’un traitement différent des malades ? Je penche pour la première hypothèse. Les deux départements vont ensuite entrer dans un long plateau, en gros jusqu’à mi-septembre. A partir de là les décès des Bouches-du-Rhône vont progressivement rattraper les décès de Paris qui - eux - restent sur ce plateau. Après avoir touché la marque de + 2 000 fin Mai, Paris retrouve cette surmortalité fin Octobre (27 octobre 2020, + 2 019 décès). Les courbes se croisent quelques jours avant Noël 2020 et la surmortalité des Bouches-du-Rhône devient plus importante que celle de Paris. Arrive alors 2021.

Durant les premiers jours de l'année la surmortalité est identique dans les deux départements mais très vite les décès des Bouches-du-Rhône vont surpasser les décès de Paris. Je rappelle que l’écart logique entre les deux est de 10%, c’est-à-dire que pour 100 décès dans la capitale nous devons nous attendre à 110 décès pour le département 13. Hélas ce ne sera jamais le cas et quand à Paris la surmortalité reste sur 0 durant le 1er trimestre il est déjà de 742 dans les Bouches-du-Rhône. Le 17 Avril Marseille va passer à la hausse la barre des +1 000. Il faudra attendre le 4 Mai pour voir Paris passer à la hausse la barre des +500, deux fois moins. Cette période printanière est aussi remarquable dans le fait que les deux courbes suivent la même pente ascendante[4]. Nous pouvons alors retenir la date du 15 Mai car à partir de ce moment-là, la courbe parisienne va cesser de monter et même descendre par la suite alors que la courbe marseillaise - elle - continue de grimper. Nous l’avons vu, l’écart en valeur absolue entre les deux départements était de +500 au 9 Février 2021, de +1 000 au 26 Juillet, de +1 200 au 19 Août. Ces chiffres ont de quoi inquiéter car une fois encore nous devrions avoir environ 10% de décès supplémentaires dans les Bouches-du-Rhône et non pas 20%[5] ! Au vu de tout ceci je suis bien obligé de mettre en cause la vaccination ou plutôt le moins bon taux de vaccination de Marseille par rapport à Paris[6]. Autrement comment expliquer que dans la capitale la surmortalité baisse alors qu’elle continue de monter dans les Bouches-du-Rhône ? Cette comparaison - plus que tout autre - apporte de l’eau au moulin de ceux qui défendent la vaccination. Puissent-ils être entendus jusqu’à Marseille. [1] Cette base de données n’est rien d’autre que celle de tous les actes de décès dressés par les mairies. [2] Ne m’en veuillez pas d’utiliser le raccourci « Marseille » ou « marseillais » pour « Bouches-du-Rhône ». J’insiste bien pour redire que ce sont les chiffres du département tout entier que j’analyse. [3] Je rappelle que lorsque j’écris expressément 2018-2019, c’est parce que j’utilise la moyenne de ces deux années sans en distinguer aucune entre les deux. [4] J’ai hélas trop perdu en mathématique pour quantifier cette pente. Les lecteurs les plus calés peuvent me contacter, je me ferais un plaisir de leur communiquer mon jeu de données afin d’en faire le calcul. [5] Chiffres Insee au 23 Août : 11 671 décès à Paris, 14 072 décès dans les Bouches-du-Rhône. [6] Selon VaccinTracker le taux de vaccination au 2 septembre 2021 est de 86% à Paris mais est de moins de 67% dans les Bouches-du-Rhône.

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