top of page
Alter Ego

Rio+20 ou mes incertitudes sur l'appel d'Heidelberg

Décidément quel que soit le sujet l'effet de mode reste le même. Je ne l'ai pas encore fait ici mais je pourrais dénoncer cette déplorable attitude - à mon sens - consistant à faire des "suites" aux films dès lors qu'ils rencontrent le moindre succès en salle. Et quand on ne nous affuble pas d'un "II", "III", "IV" voire plus, nous avons maintenant droit à ces horribles "prequel", censés nous raconter ce qui a précédé le film historique. Cette digression m'éloigne du sujet de ce billet mais vous verrez qu'il y a tout de même une relation.

La semaine prochaine va s'ouvrir "Rio+20", nouvelle conférence sur le Climat(*), dont par principe j'aurais préféré qu'il ait lieu ailleurs et qu'il porte si j'ose dire un nom (en) propre(**). C'est dans ce cadre que Le Monde publie un article revenant sur Rio 1992 et plus précisément sur l'appel d'Heidelberg. Je connaissais pas l'existence cet appel aussi ai-je lu avec intérêt l'article en question. Mais si en toute logique il aurait du m'ouvrir les yeux et me faire réaliser combien les lobbies sont puissants(***) il n'a eu pour effet que de m'interroger encore plus. Le premier point sur lequel je bute est le terme de "pseudo-sciences". Comme indiqué dans l'article, "La présentation et la médiatisation du texte (...) ont à l'évidence pour objectif de ramener les préoccupations environnementales (...) à des "pseudo-sciences"." Si j'osais donner ma définition personnelle de la science, je dirais que c'est un ensemble d'observations, de définitions et de vérités vérifiables autour d'un domaine donné. Au vu de ma définition, cela me gêne de voir parler de science et a fortiori de pseudo-science pour un domaine où il n'est question que de prévoir le futur. En effet le but de ces conférences n'est pas tant de faire le point sur le climat passé de la Terre que de dire aux gouvernants ce qu'il faudrait faire pour éviter un réchauffement climatique annoncé comme catastrophique pour l'Humanité. Mais le journaliste lance une accusation bien plus grave : en fait d'initiative spontanée, "L'appel d'Heidelberg est en réalité le résultat d'une campagne habilement orchestrée par un cabinet de lobbying parisien lié de près aux industriels de l'amiante et du tabac". Avec une telle accroche impossible de ne pas lire la suite de l'article pour y découvrir les dessous de cette campagne. Las, "Le premier indice est un mémo confidentiel de Philip Morris, daté du 23 mars 1993 (...)" donc postérieur à la conférence de Rio. Moi qui voulais découvrir la Genèse de l'Appel d'Heidelberg, ces réunions plus ou moins secrètes où l'on discutait quasiment mot à mot de ce qu'il fallait mettre dedans, je suis déçu. Je poursuis donc la lecture de l'article à la recherche d'indices démontrant l'implication des industriels du tabac et de l'amiante puisque c'est d'eux dont il s'agit(****). Le mémo de Philip Morris est décortiqué par le journaliste qui lui aussi continue son enquête : "Un nouvel organisme, le Centre international pour une écologie scientifique [ICSE, pour International Center for a Scientific Ecology], a été fondé, à Paris, comme une continuité de l'appel d'Heidelberg". Une fois encore j'ai affaire à un élément a posteriori, moi qui veux à tout prix découvrir "l'avant Heidelberg". Je crois le lire en voyant que "L'ICSE est domicilié avenue de Messine, à Paris, dans les locaux d'un cabinet de conseil aux entreprises, Communications économiques et sociales (CES), et n'en est qu'une émanation. Or c'est précisément CES qui organise et supervise, en France, le lobbying des industriels de l'amiante entre 1982 et 1996". C'est donc l'ICSE qui a écrit l'appel ? Il semble bien que non puisque "Pour promouvoir une "écologie scientifique", l'ICSE, cette "continuité" de l'appel d'Heidelberg, organise des conférences [dont] La première se tient le 10 mai 1993 à Paris". Cet organisme n'a pour rôle que de continuer l'action de lobbying et prolonger l'appel. Il y a pourtant un lien entre l'ICSE et l'appel puisque la conférence de mai 1993 est "annoncé comme ayant été préparé par "le docteur Michel Salomon, coordinateur de l'appel d'Heidelberg"". Tout ce que je saurais via Le Monde de l'origine de l'appel d'Heidelberg est que c'est "Michel Salomon, médecin et journaliste, éditeur de la revue Projections, qui réunit, en avril 1992 à Heidelberg (Allemagne), le petit noyau des premiers signataires de l'appel". Etait-il réellement free-lance comme indiqué en toute fin d'article ou déjà soumis aux industriels du tabac et de l'amiante ? Qui était dans le "petit noyau" ? Qu'il y ait eu ensuite une utilisation voire une récupération de l'appel par des industriels à des fins de lobbying cela ne semble faire aucun doute. Mais l'article ne répond pas à deux interrogations : Comment s'est passé "l'avant appel" ? Par extension les conséquences de Rio étaient donc tellement craintes qu'il fallait à tout prix allumer un contre-feu ? Enfin, et ce n'est pas la moindre des questions auquel il faudrait une réponse, comment 70 prix Nobel - sans parler des autres scientifiques ou intellectuels - ont t-ils pu apposer leur signature sur un tel texte ? Dans quelles conditions leur discernement a t-il été trompé à ce point si l'on considère que l'appel n'était en réalité qu'une opération de communication ?

(*) C majuscule à Climat car c'est bien de climat global dont il est question. (**) Delhi 2012 par exemple, en relation avec ce que j'ai écrit en introduction (***) Ce que par principe je ne conteste pas. Pour aller vite disons que ma position consiste à dire que le lobbying ça marche, mais pas toujours... (****) J'aurais parié plus spontanément sur les pétroliers et le lobby nucléaire mais passons.

0 vue0 commentaire

Posts récents

Voir tout

Comentários


bottom of page