top of page
  • Alter Ego

Quand les prénoms sont sociologiques.

Vous le savez certainement l'attribution d'un prénom à son enfant est libre ou presque depuis bientôt 30 ans. Grâce à l'Insee et à l'Open Data il est possible pour tout un chacun de télécharger la base de données des prénoms données en France et de l'analyser, ce que j'ai déjà fait à plusieurs reprises. Je reviens aujourd'hui avec une étude plus sociologique, à savoir l'influence de tel ou tel événement sur la fréquence d'attribution des prénoms.

Commençons par l'analyse la plus facile et celle qui m'a incité à écrire ce billet. Je veux parler de Loana, rendue célèbre par la toute première émission de télé-réalité jamais diffusée en France, Loft Story. Pour celles et ceux qui s'en souviennent* le retentissement a été national. C'est donc en toute logique que l'on observe un pic de Loana l'année de diffusion de l'émission : 61 Loana en 2000, 160 en 2001 et 115 en 2002. On notera - pour ma part avec satisfaction - que l'embellie n'aura duré que deux ans puisque dès 2003 il n'y avait plus que 58 Loana et désormais une vingtaine en moyenne chaque année depuis 2010.

L'autre preuve de l'engouement pour "Loft Story" c'est qu'on y trouve également un pic pour les Kenza qui - ironie du sort - était déjà en progression puisque 884 Kenza étaient nées en 1999. Mais l'émission a fait monter les Kenza à 1 245 en 2000 et encore 1 187 en 2001. Puis un plateau à 500 / 600 sauf un pic en 2008 à plus de 1 000 que je ne sais pas expliquer.

Coté garçon "Loft Story" n'avait produit qu'une seule célébrité**, Steevy, dont j'ai retrouvé l'orthographe exact grâce au fichier (je pensais à Steeve). Là aussi l'effet "Loft" a marché à plein avec 14 Steevy en 2000 mais tout à coup 171 en 2001 et encore 79 en 2002. Notons que ce prénom n'est plus attribué (moins de 10 naissance par an depuis 2006).

Preuve de l'influence de la télévision sur la population française, le football a aussi généré son lot de baptêmes, il n'y a qu'à voir l'effet "Zidane" de 1998 pour s'en convaincre : Si on trouve 50 Zinedine en 1997 ils sont tout de suite 193 en 1998 et encore 120 en 1999. On notera aussi que le retour de "zizou" en équipe de France en 2006 a généré un pic : 104 naissances en 2005, 154 en 2006 et 107 en 2007. Aujourd'hui ils ne sont plus qu'une cinquantaine chaque année. Mieux encore, la progression des "Zidane" vu que l'attribution du prénom est libre. Inexistant ou presque avant 1996 on a pic à 61 en 1998 avant un retour à la confidentialité.

Du coté de la chanson on notera le cas de "Jordy", nom de scène de ce jeune chanteur qui a été un temps en tête des ventes de disques au début des années 1990.. En 1992 on trouve dans la base 222 Jordy mais surtout 1 206 Jordy l'année suivante. Preuve du caractère éphémère de la célébrité on ne trouvera plus que 297 Jordy pour 1994 puis très rapidement 100 et moins.

Mais le prénom peut aussi agir comme un repoussoir, il suffit pour cela de convoquer le fait divers. Quand est médiatisé l'affaire Grégory nous sommes en 1985 et il y a eu l'année précédente (1984) 5 717 petits Grégory. Sans doute réticents à donner un prénom aussi tristement célèbre, les naissances de Grégory tombent à 4 815 en 1985 et 2 836 en 1986. Et c'est ensuite la lente descente, année après année : moins de 1 000 en 1994, moins de 500 en 2003 et désormais tout juste 50 par an.

* J'en fais partie

** Relativisons tout de même ...

6 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout

Contre : l'invisibilisation des cours de récréation.

Parce que je ne suis pas parent j'ai forcément mis du temps avant de réaliser que - sans doute depuis longtemps - on invisibilise les cours de récréation des écoles, surtout celles des maternelles et

Point mort.

Nous vivons plus ou moins sous cloche depuis maintenant 20 mois et rien n'est annoncé pour espérer sortir un jour de cette pandémie. Le plus désespérant est cette horrible sensation de piétinement, de

bottom of page