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Les Restos du Coeur, 30 ans et toujours présent

L'initiative de Coluche restera à jamais une idée généreuse. Trop généreuse même puisque dans l'esprit de l'artiste la distribution des repas se concevait sans inscription, sans dossier à remplir, sans critères à respecter. On ne le dit pas assez mais ce sont les abus* qui ont poussé l'association à se résoudre à délivrer cette prestation sous conditions de ressources. Ceci étant posé les chiffres sont impressionnants puisque nous sommes passés de 8,5 millions de repas distribués lors du premier hiver 1985-1986 à 130 millions l'an dernier. Le pays est pourtant plus riche qu'il y a 30 ans ; les prestations sociales y sont plus importantes, plus "ciblées", mieux orientées disent les politiques. Alors pourquoi année après année toujours plus de personnes se tournent-elles vers les Restos du Coeur ? A t-on par exemple observé un recul du nombre de repas servis à la fin des années 90 ? Pour mémoire durant plusieurs années la France a connu une croissance forte, près de 3,5% par an**. Toutes les conditions étaient réunies pour que moins de monde s'inscrive aux Restos du Coeur durant ce mini "âge d'or" et pourtant cela n'a pas été le cas. Autre sujet qui me tient à coeur, qui sont aujourd'hui les nouveaux bénéficiaires ? J'ai très envie d'en savoir plus sur celles et ceux qui cet hiver seront pour la première fois de leur vie aux Restos du Coeur. Sont-ce les dernières victimes de la crise ? Quel "accident de vie" les a conduit ici ? A quelle catégorie socio-professionnelle appartiennent-ils ? Cette question est plus importante qu'on pourrait le croire au premier abord. Ces "nouveaux" pauvres d'aujourd'hui sont-ils toute proportion gardée plus pauvres que les pauvres d'il y a 30 ans ? Il faut le savoir car on ne peut pas combattre la pauvreté sans la connaître à fond, aussi bien dans ses composantes statistiques que dans ses conséquences au quotidien***. L'article sur le sujet qui m'a servi de base pour ce billet est certes complet mais pas assez détaillé à mes yeux. Par exemple on apprend que sur le million de personnes qui bénéficient de la distribution de repas "55% sont des chômeurs, 7% des retraités, 6% des handicapés, 6% des actifs (des CDI des CDD) et 1% des étudiants." Désolé de chercher la petite bête mais cela ne fait pas le compte. En simplifiant (à peine) cela fait 550 000 chômeurs, 70 000 retraités, 60 000 handicapés, autant d'actifs et 10 000 étudiants ; Total 750 000. A quel(les) catégorie(s) appartiennent donc les 250 000 personnes qui vont aux Restos du Coeur et qui ne sont donc ni au chômage, ni en retraite, ni actifs, ni étudiants et pas handicapés ? Allons plus loin : Quand bien même nous serions en période de plein emploi (rêvons un peu!) il resterait un demi-million de personnes toujours inscrites aux Restos du Coeur, presque 10 fois plus de personnes qu'à la création de l'institution par Coluche. La conclusion s'impose d'elle-même, brutale : La pauvreté ce n'est pas que le chômage et la fin du chômage ne signifiera pas la fin de la pauvreté. L'article fait aussi preuve d'imprécision quand il s'agit de parler des dons : S'il est précisé qu'ils viennent à 45 % des dons et des legs, à 30% des subventions publiques françaises et européennes et à 12,5% de la tournée et des albums des Enfoirés, on ne sait rien des 12,5% restants. Alors pour une fois soyons lyrique et disons que c'est de l'argent tombé du ciel...

* Je suis de plus en plus "fan" de sociologie : Qui sont ces gens qui ont abusé des Restos du Coeur ? Quel était leur profil type ? ** Un chiffre qui aujourd'hui fait rêver ! Rappelons ici que la croissance pour 2014 sera au mieux de 0,4%. *** J'ai connu cela.

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