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Le choc galactique

Décidément, dès qu'il s'agit de Science en général et d'Astronomie en particulier les journalistes ont bien du mal. Comme on nous l'explique aujourd'hui , il s'agit de rien de moins que d'une "Collision "inévitable" des galaxies Andromède et la Voie lactée". L'article du Monde - mais l'information est également reprise par Le Figaro tant elle est importante - est hélas truffé d'imprécisions. Entendons-nous bien : je ne prétends même pas au titre d'astronome amateur, juste à celui de passionné d'astronomie. Il n'en demeure pas moins que beaucoup de choses écrites méritent à mon sens des explications, des précisions, voire des corrections. Commençons par l'illustration de notre Voie Lactée, qui n'est pas sous-titrée "vue d'artiste". Ce serait pourtant le moins que l'on puisse faire puisque ne s'adressant pas à un public spécialisé tout un chacun pourrait croire que c'est là une image réelle. Il aurait été plus logique de mettre une belle photo de M31 mais passons. Ce qui est expliqué ici découlant des observations effectuées avec le télescope spatial Hubble, certains pourraient aller jusqu'à imaginer que c'est là un cliché "Hubble" puisque signé de la NASA. On nous explique ensuite qu'Andromède "se situe actuellement à 2,5 millions d'années-lumière". L'astronomie est hélas encore une science imprécise et il aurait été préférable d'écrire que la distance réelle est inconnue bien qu'estimée entre 2,4 et 2,9 millions d'années-lumière. Même à l'échelle de l'Univers, 500 mille années-lumière en plus ou en moins ce n'est tout de même pas rien(*). Puis on nous apprend que "Cette attraction provient des forces gravitationnelles respectives exercées par les galaxies ainsi que de la matière noire invisible qui les entoure." C'est en effet parfaitement exact mais il aurait là aussi fallu préciser que la galaxie d'Andromède a déjà un point commun avec notre Voie Lactée : toutes deux appartiennent au même amas de galaxies, le groupe local. Pour faire vite disons que comme les planètes s'agrègent autour d'un soleil les galaxies s'agrègent entre elles pour former des amas, et que ces mêmes amas s'agrègent ensuite pour former des super-amas. Les super-amas s'agrègent-ils à leur tour ? D'après mes lectures les scientifiques ne le savent pas encore. Par contre ce que l'article oublie - volontairement ? - de dire est que les collisions de galaxies sont monnaies courantes. Dans l'encyclopédie d'astronomie que je possède et qui date des années 1980 il y a des pleines pages de photos toutes aussi spectaculaires les unes que les autres montrant des galaxies en pleine collision ! Un astronome russe je crois a passé une grande partie de sa vie à rechercher ces cas, et vu les clichés la moisson a été abondante et le phénomène finalement assez banal à l'échelle de l'Univers. Passons maintenant au temps de la controverse : "Après quasiment un siècle de spéculation dans la communauté scientifique sur le destin d'Andromède et de sa voisine la Voie lactée (...)". Désolé de jouer le rabat-joie de service mais jamais je n'ai jamais entendu parler de scientifiques s'écharpant pour savoir si oui ou non cette collision surviendrait un jour. L'article explique aussi qu'une fois la collision terminée, "Le Soleil se retrouvera lui dans une nouvelle région de la galaxie". C'est là faire preuve d'antropomorphisme car enfin nous ne sommes plus au temps de la "sphère des fixes" si chère à Ptolémé, et si la galaxie d'Andromède vient à notre rencontre en se déplaçant nul doute que nous aussi nous nous déplaçons chaque jour au sein de notre propre galaxie. Enfin je ne veux pas terminer ce billet sans pointer une phrase avec lequel je suis en plein accord : "Et même si les deux galaxies vont fusionner, les étoiles qu'elles contiennent sont très éloignées les unes des autres et pourraient très bien ne pas entrer en collision durant cette rencontre, selon eux". Je n'arrête pas de dire que l'Univers c'est avant tout du vide, aussi suis-je satisfait de lire ceci. Je ne peux pas m'empêcher de rapprocher cette assertion d'une autre qui rendrait inévitable la rencontre d'un astéroïde avec la Terre et auquel je ne crois pas un instant.

(*) Rappelons ici qu'aller sur la Lune c'est aller à une seconde-lumière de la Terre.

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