C'est le journal "The Guardian" qui le révèle mais l'information est reprise par "Le Monde", les conditions de la construction des stades de football au Qatar sont "dignes de l'esclavage". D'après les informations recueillies plus de 40 travailleurs népalais - engagés pour l'occasion - seraient déjà morts. Le Qatar - faute d'habitants en nombre suffisant - doit importer sa main d'oeuvre, certes. Ce qui est moins logique est qu'il utilise cette main d'oeuvre comme si cette dernière était taillable et corvéable à merci, à peine considérée comme une variable d'ajustement*...
Pourtant il y aurait eu une certaine noblesse de la part de ce pays de faire tout le contraire. Relisez Jules Verne un instant et son fabuleux "De la Terre à la Lune". Qu'y trouve t-on ? Que pour construire la Columbiad**, le canon qui lancera le boulet jusqu'à la Lune, il faut faire appel à de la main d'oeuvre. Mais pour la tâche à mener pas question d'utiliser des sous-employés, non. Bien au contraire il faut se montrer exigeant au point d'embaucher les meilleurs ouvriers, seulement les meilleurs : "l'élite des mécaniciens, des chauffeurs, des fondeurs, des chaufourniers, des mineurs, des briquetiers, et des manoeuvres de tout genre, noirs ou blancs, sans distinction de couleur", qui en retour sont assurés d'avoir en fin de mission "une haute paie, avec gratifications considérables et proportionnelles". Quant aux accidents du travail - inévitables même dans un roman - Jules Verne l'assure : "la moyenne des catastrophes*** ne dépassa pas celles des pays cités pour leur luxe de précautions..."
C'est pourquoi le Qatar aurait été bien inspiré de donner l'exemple, de montrer que sa richesse quasi infinie lui permettait de pratiquer autrement, et que devant la grandeur de la tâche - construire les stades qui accueilleront la coupe du Monde de football - il pouvait embaucher les meilleurs ouvriers possibles et leur donner une "haute paie". Dommage que ce ne soit pas le cas.
* Je vous laisse lire l'article du journal "Le Monde" qui décrit les conditions de travail. ** C'est en hommage à Jules Verne que la NASA a baptisé sa 1ère navette "Columbiad". A titre personnel j'aurais préféré un nom inventé pour l'occasion mais ceci nous éloigne du sujet de ce billet... *** Le roman fait état d'un seul accident, causant la mort de "plusieurs ouvriers"
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