Décidément, ce fichier INSEE des décès quotidiens pour les années 2018,2019 et 2020 est une vraie pépite pour qui souhaite regarde de plus près l'influence de l'épidémie de Covid-19. Après avoir analysé la courbe globale j'ai voulu voir quel était l'évolution de la surmortalité en fonction de l'age. Cela a été dit à de nombreuses reprises, les plus de 65 ans ont été les plus touché par cette maladie. Ce n'est pas pour autant une surprise en soi puisque - hors épidémie - les décès à 65 ans et plus représentent 80% des décès annuels. En arrondissant nous avons pour une année "normale" un peu plus de 510 000 décès de personnes de 65 ans et plus contre environ 95 000 décès pour les personnes agées de moins de 65 ans. Il est important de garder cette proportion en tête. Mais revenons à l'épidémie. Voici la courbe de la surmortalité en 2020 des personnes agées de 65 ans et plus par rapport à la même tranche d'age en 2018/2019[i]
La courbe ressemble à s'y méprendre à celle de tous les ages confondus de mon précédent billet. Extraordinaire, non ? Au premier abord oui, mais en seconde analyse pas du tout ! Cela démontre seulement à quel point cette population est concernée par l'épidémie et a contrario à quel point la population des personnes agées de moins de 65 ans est peu concernée. Il suffit pour cela de tracer la même courbe :
Ici une analyse un peu plus fine s'impose puisque la courbe n'a plus du tout la même forme. L'année a commencé par un mieux, entendez qu'en janvier et février il y a eu moins de décès chez les moins de 65 ans qu'en 2018/2019. Au point que début mars nous avions un écart de près de 1 000 personnes[ii]. Puis survient l'épidémie et une remontée de la courbe, preuve que la Covid-19 a touché cette tranche d'age. En un mois le "gain" est effacé et nous voyons que début Avril il y avait autant de décès qu'en 2018/2019. Ceci est très important à noter car - dans le même temps - la surmortalité des plus de 65 ans était, elle, à son maximum. 15 000 personnes ! Poursuivons néanmoins la lecture de la courbe : Sur Avril, Mai et Juin nous observons à peu près la même chose que pour la courbe "globale", à savoir un effet plateau et une lente décrue. Par contre la période qui va du 11 juin au 20 juillet (fin actuelle du fichier 2020 de l'INSEE) marque une baisse plus que sensible des décès des moins de 65 ans, au point d'être au plus bas de l'année[iii]. Autrement dit - en date du 20 Juillet 2020 - il y a eu dans la population des moins de 65 ans 1 333 décès de moins qu'en 2018/2019. Moins 1 000 d'un coté mais plus 15 000 de l'autre coté... Que conclure alors ? Ceci : lue depuis la courbe des décès (et donc non pas à partir des seuls cas positifs), la bonne politique de santé publique aurait consisté à se concentrer davantage sur la population des plus de 65 ans. Ce sont ces derniers qu'il faut protéger, bien plus que toute autre catégorie de population. Pour parler un instant de la mesure phare qu'est le port obligatoire du masque, cette obligation ne devrait que les concerner et concerner toutes celles et ceux qui se retrouveraient à leur contact direct. Hélas si c'est sans doute la meilleure solution elle aurait son lot d'impopularité car le bon sens commanderait d'aussi interdire aux plus de 65 ans de participer à tout rassemblement, festif ou revendicatif, interdiction qui n'existerait pas pour les autres. Mais une telle discrimination par l'age serait sans doute considérée comme illégale, immorale même, bien que statistiquement juste. Nous touchons là aux limites de la politique publique de santé.
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