Qui peut affirmer ne pas vouloir lutter "pour un monde meilleur" ? Moi-même, je lutte au quotidien pour un monde meilleur. Les athlètes aussi – du moins ceux qui refusent le dopage, je m'empresse de le préciser – veulent un monde de fraternité. Et les Jeux Olympiques sont le point culminant de ces valeurs. La charte olympique est bien longue à lire, près de 109 pages. Mais tenons-nous en au chapitre 1, point 1 (le gras est de moi) : "Sous l’autorité suprême du Comité International Olympique, le Mouvement olympique comprend les organisations, les athlètes et les autres personnes qui se soumettent à la Charte olympique. Le but du Mouvement olympique est de contribuer à la construction d’un monde meilleur et pacifique en éduquant la jeunesse par le biais d’une pratique sportive en accord avec l’Olympisme et ses valeurs." Exégèse rapide, pourquoi écrire "Le but du Mouvement olympique est de contribuer à la construction d’un monde meilleur", et dans le même temps refuser de voir écrire "Pour un monde meilleur" ? Je laisse le CIO face à cette incohérence.
Pourtant, il faut plus que jamais défendre la Charte Olympique et les valeurs qu'elle entend promouvoir ou protéger. Il faut cesser de mélanger la politique et le sport. Voyez les discours qui maintenant se radicalisent, qui disent ou écrivent "Pékin = Berlin". Il y a un discours politique à tenir face aux gouvernants chinois, et il y a un discours sportif à tenir face au Comité Olympique chinois. Le temps de la politique et de la diplomatie n'est pas celui des Jeux. Mais il est encore temps de demander l'application la plus large de la Charte Olympique à la Chine. Et d'en profiter pour avoir des précisions sur les mesures anti-dopage. Cette simple question n'est pas si éloignée que cela de la "crise tibétaine", croyez-moi.
Complément
J'ai appris que le président du CIO, Jacques Rogge, a invoqué l'article 51-3 de la charte olympique, pour expliquer le refus du "badge", au motif que le texte précise qu'"aucune sorte de démonstration ou de propagande politique, religieuse ou raciale n'est autorisée dans un lieu, site ou autre emplacement olympique". Hélas, ce "monde meilleur" est extrait de l'article 1-1 de cette même charte. Le Président du CIO ira t-il jusqu'à amender l'article 51-3 en ajoutant après "raciale" : " ou tout extrait de cette même charte olympique". Et si la volonté affichée est que tous les athlètes portent un "signe commun", je propose un badge où il serait marqué dans la langue de la délégation (je propose ici un texte en français) : "Pour un monde meilleur", avec dessous le nom de la Délégation (par exemple "France") et dessous encore les anneaux olympiques... Ca aurait du style, croyez-moi.
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