On a raison de s'inquiéter(1) de la soudaine hausse du prix de l'essence à la pompe. Vous aurez noté que je ne parle pas ici du prix du pétrole à Londres (Brent) ou à New-York (Crude Oil). Non je parle bien de la relation - fatalement étroite - entre l'un et l'autre. La communication des groupes pétroliers(2) devient de plus en plus difficile pour expliquer comment la récente hausse des cours provoque une telle flambée à la pompe, environ 20% en à peine 3 semaines. Reprenons les paramètres principaux : En 1 nous avons le cours du brut à la bourse, en 2 nous avons la parité Euro-Dollar et en 3 nous avons le prix à la pompe. Le prix de l'essence ne varie qu'en fonction de ces 2 paramètres, les autres pouvant être qualifiés comme en mathématique d'Epsilon, de quantité négligeable. Pour le cours de bourse peu de gens encore savent que cela correspond à une livraison du "baril" dans 3 mois(3). Autrement dit le prix payé aujourd'hui par un groupe pétrolier pour un baril est du pétrole qui sera livré en juin. On conclut donc que l'essence acheté aujourd'hui est du pétrole dont le prix de bourse était en gros celui de début décembre. Premier paradoxe car la hausse toute récente des cours de bourse ne devrait en aucun cas justifier une hausse du prix de l'essence. C'est alors qu'on nous réplique qu'il n'est pas possible de comparer le prix de l'essence d'aujourd'hui avec un baril à 110$ avec le prix de l'essence au plus fort de 2008 où le baril était à 150$(4), en avançant l'argument d'une parité Euro-Dollar différente et qui, comme par hasard (!), était plus avantageuse en 2008 qu'en 2011. Je suis prêt à entendre ça mais si c'était juste cela voudrait dire qu'il est possible de bâtir une équation du style Prix du baril * (parité Euro-Dollar) = prix à la pompe ou quelque chose dans le genre. Là où il faut protester(5) c'est qu'il est impossible d'établir une relation exacte entre prix du baril et prix de l'essence : ce n'est pas une fonction linéaire. En fait on nous explique que nous avons d'un coté un cours de bourse, de l'autre des monnaies fluctuantes, et au milieu le quidam qui fait son plein à la pompe. Le prix lui semble sorti tout droit d'une loterie où le consommateur est perdant à tous les coups...
(1) J'essaie désormais de limiter au minimum l'usage du verbe "s'indigner", devenu en quelques mois largement galvaudé. (2) Ici aussi l'épithète "grand" est de trop. Vous connaissez des petits groupe pétroliers vous ? Moi pas. (3) Je simplifie à peine, je sais qu'il existe aussi des livraisons à 6 mois,un an etc,mais cela ne change en rien mon argumentation au contraire. (4) Je rappelle ici qu'en 2008 on payait l'essence moins cher qu'en ce moment. (5) voir (1) supra.
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