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  • Alter Ego

Regarder le journal télévisé : un acte compliqué

Il est toujours difficile de regarder d'un oeil critique les journaux télévisés. La multiplication et la courte durée des sujets n'offre aucun moment pour la réflexion. L'image a force de vérité ("c'est vrai parce que je l'ai vu à la télé"), et le journaliste confirme l'image plus qu'il ne la commente. Le sceptique que je suis est alors constament pris au piège du délit d'opinion contraire. Sans compter avec la difficulté qu'il y a à mener la moindre contre-enquête lorsque ce qui est dit est contestable. Je vais illustrer cela d'un exemple récent. Vous avez peut-être vu pendant le 19/20 de France 3 en décembre 2007, un reportage sur une centrale nucléaire en Lithuanie. Le reportage consistait à nous expliquer que l'argent pour sécuriser la centrale - située désormais dans l'espace Européen - manquait. Mais lorsque Patrick Hester - pour ne pas le nommer - montre un cadran et explique "9 Rontgen, pas de quoi fouetter un chat" je n'ai pas pu m'empêcher de bondir de mon canapé. Je n'ai jamais appris, ou lu quelque part, que le Rontgen était une unité de mesure de la radioactivité. Le Rem, le Sievert, le Becquerel, oui. Le Rontgen, non. J'ai par ailleurs le souvenir de ma visite à la centrale de Paluel, et j'ai pu y voir un cadran du même genre que celui montré dans le reportage. Mais ce cadran indiquait plus simplement le nombre de Mégawatts produit par les différentes "tranches". Une "tranche" à Paluel, c'est 1330 MW. Le chiffre dans le reportage était "9.3" puis très vite "9.2". De là à en déduire que le cadran était gradué en centaines de Mégawatts et non en Rontgen, c'est un pas que j'ai franchi. Qui du journaliste spécialiste des questions scientifiques ou de moi a raison ? J'ai la faiblesse de croire que c'est moi. Tout ceci ne serait pas bien grave si je n'y voyais le symbole d'un objectif non avoué : faire peur au télespectateur pour mieux le capter. Le plan sur le cadran n'avait d'autre fonction que de montrer une radioactivité supposée "normale et maîtrisée". Le commentaire "pas de quoi fouetter un chat" laissant clairement entendre qu'en d'autres lieux une telle valeur ne serait pas tolérée, et qu'elle est même probablement déjà dangereuse pour la santé... Le reste du reportage était à charge contre la sécurité de la centrale. Les personnels interrogés ont eu beau clamer que "tout va bien", la voix off balayait d'un revers lapidaire ces affirmations : Comment voulez-vous qu'une centrale de type "Tchernobyl" soit sûre ? Voilà le message qui a été passé aux télespectateurs. Et comment voulez-vous ne pas être d'accord ?

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